Aujourd'hui nous étudions ce mot magique : "Pardon" (ou d'une manière plus générale l'action de présenter ses excuses).
Voyons pourquoi on ne le prononce pas forcément assez…
Merci... d'avoir pris connaissance de ce qui précède 🙂
Dans un article précédent, nous avons vu que le mot "Merci" pouvait nous être d'un précieux secours. Et ceci dans au moins 7 situations bien précises.
En fait, "merci" est un mot que nous nous plaignons généralement de ne pas entendre assez, mais dont nous sommes nous-mêmes – le plus souvent – trop avares (en fait, l'enfer, c'est les autres… air connu).
Ces mots qu'il faut savoir prononcer… Savons-nous aussi les entendre ?
Avez-vous remarqué qu'il est quelquefois difficile de réagir à un "merci" ? Jadis, dans les combats à l'épée, celui qui s'avouait vaincu et désarmé avait l'habitude de s'écrier "Merci", dans le sens "Je suis à votre merci", acceptant ainsi sa défaite, et donnant à l'autre le pouvoir de vie de de mort sur lui.
Est-ce pour cette raison que de nos jours, le mot "merci" semble parfois encore plus difficile à entendre qu'à prononcer ? Nul ne le sait. En tout cas, il est courant qu'en recevant un remerciement nous fassions de notre mieux pour que la personne se sente à l'aise, le moins "redevable" possible envers nous.
Comment ça "De rien…" ?
Ainsi, nous répondons souvent mécaniquement à un "merci" par une parole de politesse, du style "Je vous en prie", ou pire "De rien". En fait, à y regarder de près, ce "de rien" a une action délétère.
Pourquoi "délétère ?"
En fait, un "de rien" part le plus souvent d'une intention positive (comme tant d'autres choses 😉 ).
C'est une manière de dédouaner l'autre de toute dette envers vous.
Mais cette intention comporte une maladresse. Elle suggère en effet que ce que vous avez fait pour l'autre "ne compte pas". Ainsi, en répondant "...de rien", si on voulait pousser les choses à l'extrême, on pourrait aller jusqu'à dire que vous rejetez l'autre (d'une certaine manière), en lui laissant entendre que son remerciement est sans objet… pire : que ce que vous avez fait pour lui ou rien, c'est pareil ! Pourtant, vous n'avez pas "rien fait", que je sache ! 🙂
Sans compter que ce "de rien" peut au passage vous faire apparaître comme une personne qui se sacrifie pour l'autre, un sauveur en somme...
Une alternative que j'apprécie beaucoup, en ceci qu'elle a pour objectif de faire en sorte que l'autre ne soit plus redevable, sans pour autant minimiser notre propre action en quoi que ce soit est l'expression suivante :
"Ça m'a fait plaisir…".
Personnellement, depuis qu'on m'a présenté les avantages de cette alternative, j'ai remplacé tous mes "De rien" par des "Ça m'a fait plaisir". Au début, comme si c'était plus fort que moi, j'accouchais péniblement d'un hybride "Ce n'est rien, ça m'a fait plaisir", et puis j'ai fini par me débarrasser totalement de ce "Ce n'est rien" qui n'a rien à faire là (j'envoie au passage mes plus chaleureux remerciements aux deux femmes qui m'ont appris tout cela il y a fort longtemps, à savoir Françoise Chaulet et Adrienne Reed Coissard).
Aujourd'hui, je vous propose "Pardon" : Le deuxième mot magique que l'on ne prononce jamais assez
Lorsqu'on vient de commettre une bourde, la langue française offre de subtiles variations à qui entend présenter ses excuses : "Pardon"... "Je vous présente mes excuses"... "Je suis désolé"....
Par commodité, nous agirons ici comme si ces expressions désignaient rigoureusement la même chose, même si vous savons parfaitement que ce n'est pas exact (en effet, lorsque deux mots différents existent dans une langue, ils ne désignent jamais tout à fait la même chose..).
Imaginez ceci : vous savez très bien que vous avez porté tort à une personne (volontairement ou non), que vous lui avez causé préjudice, en prononçant une parole blessante ou en agissant d'une manière pas très reluisante…
Se venger, c’est se mettre au niveau de l’ennemi ; pardonner, c’est le dépasser.
(Francis Bacon)
En pareil cas, vous pouvez être aux prises avec deux sentiments quelque peu contradictoires :
D'un côté, vous être traversé par l'envie de présenter vos excuses à la personne concernée. Et en même temps, cela vous semble difficile, voire inconcevable. Parce qu'elle bouscule votre conception du protocole (...Cette personne étant au-dessus de moi dans une hiérarchie / au-dessous de moi dans une hiérarchie / en compétition avec moi d'une manière ou d'une autre / particulièrement antipathique à mas yeux... je ne vais quand-même pas "m'excuser, en plus !!!" 🙂 )
Que celui qui n'a jamais vécu pareil dilemme lève le doigt. En fait, l'acte de demander pardon est toujours plus ou moins complexe, en ceci qu'il présente deux aspects bien distincts :
- D'une part cela suppose que vous reconnaissiez pleinement vos torts.
- D'autre part, cela signifie que vous êtes prêt - au moins temporairement – à accorder plus d'importance (ou du moins plus d'attention) à l'autre qu'à vous-même.
Demander pardon suppose en effet vouloir préserver la relation à l'autre. Et cette démarche pacificatrice est parfois difficile à assumer sur le plan émotionnel.
Il est parfois difficile de reconnaître nos propres manquements
Chacun le sait, il est tellement plus facile d'attribuer à l'autre la cause de nos erreurs. Voilà pourquoi, même en cas de faute, nous sommes enclins à préférer avoir raison à tout prix tout en et rejetant la cause de notre faute sur l'autre : "J'ai peut-être commis une erreur, mais c'est à cause de lui" est une phrase très souvent prononcée dans un tribunal ! Manière subtile de tenter de passer du statut de coupable à celui de victime*.
Dire pardon, c'est renoncer à une partie de notre propre narcissisme, faire "amende honorable" selon l'expression consacrée. C'est aussi accepter l'idée que notre relation à l'autre peut, à l'occasion, revêtir à nos yeux une plus grande importance que notre petit nombril.
Alors ? Demander pardon ou pas ? Pas si simple : il y a plusieurs facteurs en ligne de compte. Tout dépend de ce qu'on se reproche d'une part et de notre relation avec la personne lésée d'autre part.
Demander pardon : un acte en deux temps
Le premier temps est une affaire entre soi et soi : "Je regrette mes actes, mes paroles…". Il y va de notre paix intérieure, de notre besoin de se débarrasser du (toujours désagréable) sentiment de culpabilité.
Le deuxième temps est centré sur l'autre : "J'ai besoin que tu me pardonnes le désagrément que tu as ressenti suite à mes actes (ou paroles)". En pareil cas, les auteurs qui s'expriment sur ce sujet parlent le plus souvent de paix relationnelle.
Bien entendu, présenter nos excuses n'oblige en rien l'autre à les accepter. Héhéhéhé... Précisément, c'est bien souvent là que "ça nous gratte"…
Ceux qui ne demandent jamais pardon, et ceux qui s'excusent trop souvent...
Ainsi il est facile de comprendre que ceux qui souffrent d'un ego surdimensionné trouveront toujours de bonnes excuses pour ne jamais présenter… leurs excuses, justement. Quant à ceux qui souffrent d'un déficit d'image de soi, on les reconnaît en particulier à leur manie parfois irritante de s'excuser à tout bout de champ, à tort et à travers, à propos de tout et n'importe quoi…
Un tic de langage : "Désolé".
Il peut nous arriver de "nous excuser par avance" de quelque chose. Par exemple en commençant nos phrases par "Désolé" pour adoucir l'impact de ce que nous disons. Cela peut aussi être complètement inapproprié, notamment lorsque cela devient un tic de langage.
Deux exemples :
- "Désolé, mais je ne suis pas d'accord."
- "Désolé, mais je ne peux pas venir."
Mais avez-vous pensé à ceci : Nous sommes tous habilités à exprimer un fait ou une opinion. Nous n'avons pas besoin de nous excuser d'avoir un point de vue différent, ou d'avoir déjà autre chose de prévu pour la soirée...
Dans des cas similaires, essayez de remplacer les phrases précédentes par :
- "J'apprécie votre contribution. J'ai un autre point de vue pour telle et telle raison..."
- "Merci pour l'invitation. J'ai déjà autre chose de prévu. Prenons un autre rendez-vous."
En conclusion
Voilà. J'espère que cet article vous aura plu. Et vous ? Acceptez-vous facilement de demander pardon ? Ou cela vous gêne-t-il parfois aux entournures ? N'hésitez pas à nous laisser un commentaire sous ces lignes !
Cet article fait partie du dossier "Le 4 mots magiques".
Sommaire complet du dossier :
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Serge Marquis
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