Faut-il se méfier des paroles qui font du bien ?

Certains livres regorgent de paroles qui font du bien...

Sommaire

Les livres qui font du bien
Les textes, tweets et autres posts qui font du bien

Les podcasts qui font du bien
Les critiques que l’on peut opposer à toute ce déferlement de belles paroles…
Là où ça se corse…
Un petit coup sec sur la canne, et le poisson est ferré !
Faut pas exagérer : y’en a des bien, quand-même…
Si vous trempez là-dedans et que vous êtes honnête…
Petite expérience personnelle…

Élément de Typo (filet avec oiseaux prchés)

Lisez attentivement les phrases ci-dessous :

"En prêtant attention au murmure de notre être intérieur, nous trouvons les clés pour ouvrir les portes de notre destinée."

"À l’image du papillon sortant de sa chrysalide, nous pouvons transformer nos épreuves douloureuses en ailes de liberté et de croissance."

"C’est précisément dans l'ombre de nos doutes que nous pouvons découvrir la lumière qui guide notre chemin vers la confiance en soi."

"Chaque larme versée est une goutte nourrissant le jardin secret de notre résilience intérieure."

Leur point commun : toutes sont porteuses d’un message d’optimisme et d’espoir. Et par les temps qui galopent, elles semblent fleurir autour de nous, pour le meilleur… et parfois le pire.

Parlons d'abord du meilleur : Ces paroles-là ont souvent la capacité d'apporter un sentiment positif, d'inspiration, de réconfort ou même de transformation personnelle à ceux qui les lisent ou les entendent. Elles peuvent parfois évoquer des émotions positives, offrir des perspectives encourageantes sur la vie, ou même êtres porteuses d'enseignements qui aident les gens à mieux se comprendre, à s'épanouir et à trouver du sens à leur vie.

Voyons maintenant où on peut les trouver, ces si belles paroles :

Les livres qui font du bien

Depuis quelques années on assiste un peu partout à une recrudescence de ces « livres qui font du bien ». Les livres qui font du bien regorgent de paroles… qui font du bien, donc. Historiquement, on peut considérer Le Petit Prince de St Exupéry comme étant le premier de cette lignée.

En voici quelques autres, pris au hasard :

Les livres qui font du bien...
  • "L'Alchimiste" par Paulo Coelho ;
  • "Le Pouvoir du moment présent" par Eckhart Tolle ;
  • "Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une" par Raphaëlle Giordano ;
  • "Les Quatre Accords Toltèques" par Don Miguel Ruiz ;
  • "Demain est un autre jour" par Lori Nelson Spielman.

Aujourd'hui, les ouvrages de ce type se comptent par dizaines de milliers, voire plus. Précisons qu'en raison de la popularité croissante de ce genre littéraire, leur nombre continue sans cesse de croître au fil du temps.

Les textes, tweets et autres posts qui font du bien

Dans la même veine, de plus en plus, sur les réseaux sociaux, fleurissent de jolis textes très convaincants. Tous tournent autour de cette thématique. Souvent, ils évoquent le sujet du mal-être, et de comment le résoudre. Parfois le lyrisme est particulièrement audacieux, jugez plutôt :

"La découverte de l’abandon de notre authenticité originelle au profit de la nécessité du lien permet la reconstitution progressive du vase dont nous pouvons recoller les morceaux à l’aide de cet or qui découle de notre prise de conscience."

C'est fou ça, comme des gens sont capables de mettre des mots justes sur les souffrances humaines. Puis, dans la foulée, de leur agiter de la verroterie conceptuelle sous le nez. Parfois, c'est même accompagné d'illustrations ou d’images très artistiques et très parlantes (d’inspiration new age, le plus souvent).

Les podcasts qui font du bien

guillemet

Pensez à une personne qui vous fait sourire. Une personne avec laquelle vous partagez une relation simple et facile il peut s'agir d'un enfant, un grand parent, un animal.

Entendu un jour dans un podcast de méditation guidée. Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer les critères de l'auteur. Peut-être a-t-il à l'esprit qu'une relation simple signifie une relation qui limite les occasions de contradiction ? On voit par exemple que l'exemple du conjoint (ou plus généralement de l'être aimé) a été pudiquement écarté… mais sans doute ai-je mauvais esprit 🙂

Les critiques que l’on peut opposer à toute ce déferlement de belles paroles…

Quand on examine de plus près toutes cette belle production, il peut y avoir de quoi hausser le sourcil. Et on peut parfois relever un ou plusieurs des points suivants :

Théories non fondées : Trop de ces textes s’évertuent à promouvoir des concepts pour le moins ésotériques ou fumeux, des affirmations péremptoires non prouvées scientifiquement, voire des généralisations abusives. On trouve, ceci, par exemple : « En Inde, on enseigne ces quatre lois de la sagesse… (???) ». Ainsi, nombre d'idées pseudo-spirituelles, suscitent (à juste titre) un certain nombre d’inquiétudes quant à la validité des informations fournies.

Simplification excessive de la réalité : Indéniablement, un grand nombre de ces textes présentent une vision simplifiée de la vie. Évitant au passage les aspects complexes, les enjeux réels. Sans parler de la douleur liée aux émotions difficiles auxquelles nous devons parfois faire face au quotidien.

Évasion et déconnexion : On peut parfois y voir un encouragement à la fuite de la réalité plutôt que l'affrontement des vrais problèmes. Certains vont même jusqu’à affirmer que cela peut conduire à l'ignorance des problèmes sociaux, ainsi qu’à une déconnexion plus ou moins importante par rapport aux réalités du monde, auquel cas c'est une porte grande ouverte aux dérives sectaires…

Banalisation des thèmes de la psychologie et du bien-être : On peut légitimement s'inquiéter du fait que certaines de ces paroles peuvent simplifier ou banaliser des concepts psychologiques complexes, réduisant ainsi leur valeur réelle.

Oncle Picsou n'est pas bien loin...

Sur-commercialisation et recherche de profit rapide : L'augmentation de la popularité de ces "livres qui font du bien" a conduit à un accroissement de leur commercialisation. De plus en plus d’auteurs et éditeurs semblent aujourd’hui viser principalement à profiter de la demande plutôt qu'à fournir un contenu véritablement significatif. Ainsi, nombre d’ouvrages sont publiés rapidement et sans contenu véritablement substantiel, ce qui participe à une dilution de la qualité globale de ce genre de littérature.

Quant aux réseaux sociaux, ils regorgent de publications produites par des rois du marketing avançant avec un faux nez, la main sur le cœur…

Le piège des paroles qui font du bien
Aïe, ces mots qui font du bien, ça peut faire très mal par la suite…

Là où ça se corse…

Une fois ceci posé, allons un peu plus loin en examinant ce qui – de plus en plus souvent – accompagne de si belles paroles, donc… :

Le plus souvent, sur les réseaux sociaux notamment, une fois pondues toutes ces si nobles pensées, on s'aperçoit que dans la foulée, l'auteur propose des conférences (tiens ?), ou même des séminaires de formation sur le sujet. Soit. Alors je pose juste une question : En quoi le fait de poser un diagnostic, si juste soit-il, sur les vicissitudes ne notre vie peut-il laisser supposer que la personne qui a posé ledit diagnostic est équipée et compétente pour apporter des remèdes à la problématique ou à la souffrance que – par ailleurs – il ou elle a si bien su décrire ?

Un petit coup sec sur la canne, et le poisson est ferré !

La ficelle me paraît un peu grosse, en effet : déployer une certaine aisance verbale pour mettre des mots sur la souffrance d'autrui, balancer ça sur les réseaux sociaux où des personnes en souffrance (ce n'est certes pas ce qui manque), touchées par la justesse de la description, se reconnaîtront immanquablement dans des histoires parlant par exemple de "souffrances venues de l'enfance" (facile : qui n'en a pas ?), et finiront par gober à l'hameçon sur l'air de "[…] tout ceci exprime exactement ce que je ressens, bien mieux que je n'aurais pu l'exprimer moi-même, allez hop, je vais me précipiter vers leurs séminaires de solutions à coup sûr miraculeuses!". Et hop, voilà le travail, emballez, c'est pesé!

Faut pas exagérer : y’en a des bien, quand-même…

Je ne dis pas que toutes les personnes travaillant dans une optique de mieux-être sont des escrocs, ou des êtres "perchés". Mais simplement qu'en l'espèce il est extrêmement difficile de trier le bon grain de l'ivraie. Il faut dire que le marché (oui, appelons les choses par leur nom) est immense. Et que le domaine du développement personnel est hélas encore très mal encadré. Surtout, ne vous laissez pas aveugler par la poudre aux yeux que représentent des paroles rassurantes ou sécurisantes. Des mots tels que "certification", par exemple, qui ne renvoie à rien de sérieux, faute d'instances de supervision sérieuses et reconnues, justement.

Car le problème est bien là : pour un Anthony Robbins (une des rares personnes du secteur à qui personnellement je prête quelque crédit), il existe pléthore d'individus qui, même lorsqu'ils sont bien intentionnés au départ, finissent tôt ou tard par prendre une tangente pour le moins... inquiétante, voire dangereuse pour eux-mêmes et pour les autres.

kaa l'hypnotiseur ('aie confiance...')

Pour ce qui concerne les livres qui visent à apporter du bien-être et de la positivité, disons-le tout net : certains d'entre eux proposent des conseils, des histoires et des enseignements sincères. Cela peut même avoir un impact positif sur de nombreuses personnes. Ainsi, comme souvent, il est essentiel (pour chacun d'entre nous) de faire appel à notre discernement. Cela nous permet de choisir des textes qui non seulement résonnent vraiment en nous, mais qui nous apportent un véritable bénéfice.

Si vous trempez là-dedans et que vous êtes honnête…

Alors, que les personnes œuvrant sur ce créneau se fassent une raison : le plus souvent, elles emploient exactement les mêmes mots, les mêmes techniques, les mêmes méthodes que les hurluberlus et les margoulins de la pire espèce.

Rien de nouveau sous le soleil : Depuis la nuit des temps, ces mêmes techniques sont employées par certaines personnes censées nous prédire l’avenir. Parfois, ces personnes n'hésitent pas à exploiter les attentes et les croyances des individus. Tout cela accompagné de généralités et d'affirmations vagues enfonçant allègrement des portes ouvertes.

En creusant un peu, on s'aperçoit que trop d'individus, fussent-ils de bonne foi, ont simplement le bagout nécessaire pour "dire les mots qui vont bien". De sorte que leurs ouailles se sentent beaucoup mieux après. Mais c'est un peu court…

Élément de Typo (filet avec oiseaux prchés)

Petite expérience personnelle…

J'avoue avoir été déjà conquis par des paroles éclairantes d'une personne très en vue sur ce type de créneau. Il se trouve même qu'à une époque de ma vie j'ai moi-même franchi une étape significative :

C'est ainsi que je me suis un jour retrouvé dans une salle en compagnie de plus de 500 participants. Tous étaient sûrs de venir écouter une bonne parole, des mots qui font du bien, prononcés par une star du genre (officiant sur YouTube). Mais la personne qui les proférait s'est – par la suite – révélée d'une consternante immaturité mêlée à un machiavélisme sans borne. Par chance, j'ai pu gratter un peu ce beau vernis et même pousser cette personne à tomber le masque. Si cela vous intéresse, j'en fais le récit détaillé dans cet article.




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Comment annoncer une séparation à vos enfants

Portrait de Caroline Godman
Caroline Goldman, docteure en psychopathologie clinique, spécialisée dans la psychologie des enfants et adolescents.

Les séparations parentales ne sont pas forcément tristes…

Il est toujours difficile d'annoncer une séparation. Pourtant, à y regarder de plus près, les séparations parentales ne sont pas forcément tristes. Elles peuvent même être un hymne à la joie, à l'espoir et au bonheur. Un pied de nez à l'oubli de soi et au renoncement. Une leçon à l'enfant qui dit ceci : "Lorsque ça n'ira pas, prends ton courage à deux mains et sors-toi de là. Crois en ton bonheur, garde ton optimisme et agis dans le sens de ce qui sera bon pour toi. Ne renonce jamais à être heureux".

L'enfant se fiche d'avoir des parents qui vivent ensemble ou séparément. Il les souhaite juste heureux. Le véritable poison de sa vie c'est au contraire le maintien du mariage à tout prix. C'est la mésentente usante des parents au quotidien, leur conflit agressif ouvert, les tensions, la rancœur, les silences et la peine. Tout ça alourdit sa vie psychique, le fait renoncer à venir déranger ses parents pour aborder ses propres préoccupations, et risque de l'habituer à une ambiance relationnelle qu'il reproduira probablement plus tard par identification.

Exemple d'annonce à nos enfants

Voici un exemple de ce qu'on peut dire à des enfants en pareil cas. Bien entendu, ce texte doit être adapté aux différentes configurations familiales, et doit être énoncé par les deux parents en présence.

Les enfants il faut qu'on vous dise quelque chose : Vous savez, comment papa et maman se sont rencontrés […Raconter ici les circonstances de la rencontre]. On a été très très amoureux. Tellement qu'on se faisait tout le temps des câlins de grandes personnes et des bisous sur la bouche [là, on a le droit de rire avec eux]. Et puis, vous avez vu les photos, vous vous souvenez du mariage de papa et maman. Après on a eu envie de faire des petits bébés qui nous ressembleraient à tous les deux et dont on s'occuperait ensemble. On a eu [Gaston, et puis Lola] et ça a été le plus grand bonheur qu'on ait connu de toute notre vie [Là vous leur offrez un grand sourire].

Et puis le temps est passé, et on a été moins amoureux, on s'est parfois fâchés, vous nous avez sans doute déjà vus nous disputer. Et on s'est rendus compte qu'on était davantage contents quand on n'était pas ensemble que quand on vivait dans la même maison. Au début on a été un peu tristes de ça, mais maintenant on a hâte de trouver une solution pour redevenir les plus joyeux possible, rire à nouveau, être bien dans nos nouvelles maisons, retomber amoureux. Parce que ce qui compte c'est que chacun soit vraiment heureux pour profiter de la vie qui est une grande chance et qui doit absolument être merveilleuse tous les jours. Ça arrive à beaucoup de papa et de mamans […ici, vous pouvez donner des exemples de couples séparés pour qui ça se passe bien].

Papa et maman ont décidé de se séparer, mais entre vous et nous rien ne changera jamais, on sera toujours vos parents et on vous adore pour toute la vie quoi qu'il arrive. On sera là tous les deux pour aller vous chercher à l'école, aller manger au restaurant, voir vos spectacles... Et plus tard, on viendra à vos mariages, et quand vous aurez des enfants aussi.

Pour que cette annonce se déroule dans de bonnes conditions

Si après cette annonce, vous pouvez enchaîner sur "Un quart d'heure de guilis comme d'habitude" c'est encore mieux. Tout est une question de présentation pour les enfants. Donc ne pleurez pas, ne tremblotez pas, si nécessaire prenez un anxiolytique ou faites du yoga, mais arrivez frais et décontractés devant eux.

Bon courage !

Le texte ci-dessus est de Caroline Goldman, dont Wikipédia nous apprend qu'elle est la fille aînée du chanteur Jean-Jacques Goldman et de la psychologue Catherine Morlet. Mère de quatre enfants, Caroline exerce depuis une vingtaine d'années une activité de psychologue pour enfants et adolescents qu'elle reçoit dans son cabinet à Montrouge. En parallèle, elle a enseigné pendant 15 ans à l’université, et a animé une série de podcasts, tout d'abord diffusés sur la plateforme Ausha, puis remaniés tout récemment sous une forme plus compacte sur France Inter. [1] :

Quelques liens

L'excellente chronique de Caroline Goldman sur France Inter
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-caroline-goldman

Un épisode de podcast complet (25min | janvier 2023) de Caroline Goldman à propos de la séparation, disponible gratuitement sur la plateforme Ausha :
https://podcast.ausha.co/caroline-goldman-docteur-en-psychologie-de-l-enfant/la-separation

Si cet article vous a plu, venez donc consulter d'autres articles du même style


[1] Si je me suis permis de reproduire ici ce texte, c'est que j'ai le sentiment qu'il a vocation à être diffusé le plus largement possible, pour le bien de tous. Bien entendu, s'il s'avérait que cela constitue une entrave au droit d'auteur, je suis tout à fait disposé à supprimer (la mort dans l'âme 🙂 ) cet article si Caroline Goldman ou ses ayants droit en manifestaient le désir.




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Apprivoiser des animaux (ou encore les 7 nains) lors d’une prise de parole en public ?…

Les membres du groupe comme l'animateur les voit
L'art consommé de la prise de parole...

Une drôle de ménagerie

Comme je l'ai déjà dit dans un livre, l'image ci-dessus provient d’un de ces visuels dont l’origine s'est perdue. Reproduits des milliers de fois (à la photocopieuse, le plus souvent), ces visuels se propagent souvent comme une traînée de poudre dans un grand nombre de bureaux, et lorsqu'ils "nous parlent', nous les affichons volontiers avec bonne humeur sur notre lieu de travail, histoire de ne pas oublier notre sens de l’humour.

Pour ce qui me concerne, je l'ai aperçue des dizaines de fois dans des instituts de formation. Et un jour, un de mes amis formateurs, voyant que je souriais face à ce dessin, m'a même dit "Tu vois, tous ces personnages existent et nous les connaissons bien… Mais si tu regardes attentivement, tu verras que non seulement ils existent, mais qu'en plus, ils sont le plus souvent disposés dans l'espace exactement comme sur le dessin". Par la suite, j'ai eu à de nombreuses reprises l'occasion de constater à quel point cette observation était fondée (je ne développerai pas ce point aujourd'hui, cela nous mènerait trop loin...).

Tous ces regards braqués sur vous, comme des projecteurs

Car il s'agit bien de cela : un moment où plusieurs personnes portent tout naturellement leur regard sur une seule, pendant un temps plus ou moins long. Cela peut être :

  • Dans une salle de classe : tout enseignant a, gravés dans sa mémoire, les tout premiers instants où il s'est trouvé livré à lui-même dans "la cage aux fauves"
  • Dans un spectacle, ou sur une scène de théâtre : au début d'une longue tirade, l'artiste, le comédien ressentent, même dans le noir, le poids du regard de tous les spectateurs en haleine, ou du moins en attente…
  • Dans une salle de formation : ici, les groupes sont plus restreints, mais les interactions sont (en principe) plus importantes…
  • Dans une salle de réunion : quand on vous donne la parole pour vous permettre d'exposer un projet, un point de vue, une position…
  • Lors d'une intervention publique : débat, table ronde, conférence, meeting…

Toutes ces situations ont en commun le fait que, pendant un temps, un seul être est censé à lui seul capter, puis retenir l'attention d'un groupe plus ou moins conséquent de personnes qui, d'une manière ou d'une autre, "l'attendent au tournant". Quiconque s'est trouvé en pareille situation, ne serait-ce qu'une fois, connaît ce petit moment de vertige, de saut dans le vide. Avec souvent le sentiment qu'il y a là une situation des plus asymétriques, que ce "seul contre tous" n'a rien de normal. En fait, c'est bel et bien le cas. D'où les si fréquentes sensations (de l'ordre du "syndrome de l'imposteur") que peut ressentir celui ou celle qui se trouve en cet instant précis sous les faux de la rampe.

On ne peut pas plaire à tout le monde, mais quand-même…

C'est que les autres, tous les autres, ceux d'en-face, sont susceptibles de produire une réaction, plus ou moins marquée, visible, audible, plus ou moins en-dehors des clous (d'ailleurs, qui a dit qu'il y en avait ?).

Ainsi, lors de votre prise de parole, vous courez donc un risque. Le risque que chacun de vos interlocuteurs se manifeste d'une façon ou d'une autre. Ce peut-être pour le meilleur, comme pour le pire. Selon les circonstances, des gens peuvent très bien, si cela se trouve, quitter la salle (de façon plus ou moins discrète), chercher à attirer l'attention vers eux en produisant des bruits divers, des mouvements d'humeur…, ou tout simplement ils peuvent très bien fermer les yeux, comme pour commencer un petit somme, auquel cas vous penserez à tort ou à raison que votre discours est soporifique…

Il est donc de votre intérêt de de votre responsabilité de faire sentir à votre auditoire que vous vous intéressez vraiment à chacun des membres qui le compose, puis de créer et maintenir une atmosphère d'attention détendue, plus connue sous le nom de flow.

Comment réussir ce tour de force ?

Comme souvent, il n'y a pas à proprement parler de recette miracle, mais tout simplement un certain nombre de pistes à explorer afin de vous permettre de mettre plus de chances de votre côté.

Pour ce qui me concerne, je n'ai jamais commencé à animer une réunion ou une séance de formation sans avoir posé en tout début de séance un certain nombre de jalons permettant, disons de limiter les dégâts potentiels. Ces jalons sont connus sous le terme mnémotechnique de "Démarrage RAPIDOS". J'en parle notamment dans cet article

Encore plus loin que la ménagerie du début, voici… les contes de fée !

Illustration de l'idée 'Apprivoiser des animaux (ou encore les 7 nains) lors d’une prise de parole en public'

Certains auteurs ont eu l'idée de filer encore plus loin la métaphore du bestiaire des "animaux membres du groupe". C'est ainsi que Laurent Philibert, directeur pédagogique de l'institut de formation Personnalité, a écrit un article fort intéressant, intitulé "Comment apprivoiser les 7 nains pendant une prise de parole".

Il y fait appel au conte de fée (largement popularisé par les studios Disney) "Blanche Neige et les 7 nains". Ici, les différentes typologies de participants sont représentées par chacun des nains du conte, nains auxquels il prête des traits de caractère bien spécifiques. Ainsi, Prof [Doc] devient "celui qui sait tout", Grincheux [Grumpy] : "Celui qui râle", Timide [Bashful] : "Celui qui n'ose pas", Dormeur [Sleepy ] : "Celui qui lutte", Joyeux [Happy] : "Celui qui s'éclate", Atchoum [Sneezy] : "Celui qui perturbe", Simplet [Dopey] : "Celui qui percute moins vite". Quant à l'héroïne de l'histoire (Blanche Neige), l'auteur affirme que… c'est vous!

L'article regorge de conseils pertinents sur la conduite à tenir (autant que faire se peut) avec chacun de ces petits trublions (qui, ne l'oublions pas, peuvent constituer pour nous autant de grandes ressources – question de point de vue, encore une fois). Au passage, l'auteur en profite pour nous rappeler quelques règles élémentaires en matière de communication personnelle :

La "bonne question" et les dangers du "pourquoi"…

Ainsi, il nous invite à tordre le cou à l'idée qu'il puisse exister de "bonnes" et de "mauvaises" questions. La forme la plus pernicieuse de cette idée reçue étant peut-être le fameux "Ah, voilà une excellente question !" qui peut à lui seul représenter une énorme bourde.

Personnellement je ne puis qu'approuver. (On pourra se reporter à l'article "Confiance et bonne humeur en formation", à la section "TOUTES vos questions m'intéressent").

Les dangers du "pourquoi", maintenant : L'auteur nous rappelle que, lors d'un face-à-face (pédagogique ou non), il convient d'être particulièrement vigilant vis-à-vis du pourquoi "agressif", ou perçu comme tel. En particulier, n'oublions pas que dans nos métiers de communicants, lorsque nous questionnons nos participants sur leurs façons de procéder dans l'exercice de leur métier (par exemple), ils peuvent facilement se méprendre sur ce "pourquoi" qui cherche à retrouver une cause sous-jacente... Pour le transformer dans leur tête en un "pourquoi" qui peut ressembler à un jugement sur leur façon de faire, précisément. En pareil cas, il est souvent illusoire d'imaginer pouvoir faire émerger des idées de causes ou de solutions, car la personne interpellée se retrouvera à coup sûr dans une position de défense, et c'est précisément nous qui l'y aurons poussée…

Dans une telle situation, il est certainement plus productif (nous rappelle Laurent Philibert) de trouver des questions commençant par le mot interrogatif "Comment ?" qui, au lieu de fermer les portes, a souvent le pouvoir d'en ouvrir...

Pour conclure…

Ne nous faisons pas d'illusions : l'art de la prise de parole est et restera pour l'essentiel un exercice sans filet. Et ce n'est pas un rapide coup d'oeil portant sur une grille de lecture des différentes typologies d'interlocuteurs (si pertinente soit-elle) qui nous permettra de retomber sur nos pattes comme par magie en toutes circonstances, tel le héros de dessin animé repoussant à la vitesse de l'éclair des dizaines d'assaillants à l'aide d'un seul poing, pendant que son autre main feuillette en accéléré "Le Kung Fu en dix leçons".

Reste que l'article en question nous permet de réfléchir à un certain nombre de choses, notamment quant à notre propre posture. C'est toujours ça de pris, ce qui n'est pas une mince affaire…

L'auteur de l'article termine son exposé par une phrase que j'ai trouvée très inspirée, et que je me permets de reproduire ici :

Et c’est ainsi que votre objectif et leurs attentes se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.



Le Petit Abécédaire...

Livre 'Petit abécédaire...' - Bernard Lamailloux

"Un ouvrage bien documenté, écrit par quelqu'un qui sait de quoi il parle et qui le fait avec clarté humour et éthique. Les exemples et les conseils sont judicieux et très utiles. Je le recommanderai avec plaisir.."

Josiane de Saint Paul

Quel livre ! Un travail de moine. D'une grande originalité. J'ai à peine commencé à le parcourir et, déjà, je le savoure. Je vais d'ailleurs continuer à le déguster lentement. Bravo !

Serge Marquis



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C’est l’histoire de comment trouver sa place derrière le brouillard…

Important

Cet article est issu d'un de mes anciens blogs ( 2010 à 2014)

Katherine Pancol

Katherine Pancol est un écrivain majuscule. Je sais bien qu'elle est à la mode, mais cela n'est aucunement à mes yeux une raison de l'encenser, et encore moins de la descendre en flammes (quelle horreur !).

Si vous n'avez pas lu ses livres, je vous invite vraiment à le faire, du fond du cœur. Il s'agit d'une sorte de saga familiale, si l'on peut dire, l'histoire de Joséphine Cortès, de ses filles, et de leur entourage. Cela décrit avec un accent d'authenticité incroyable des tas de milieux, d'époques, de personnages, c'est hallucinant.

Car au fond la dame n'écrit jamais que sur un sujet, un sujet aux mille facettes qui me tient vraiment à cœur : la confiance en soi.

Qu'on me permette de citer ici un passage d'un de ses livres : "Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi" :

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Estime de soi, ou bienveillance et compassion envers soi ?

Image gag "Maintenant je me suis trouvé, alors ne me cherchez plus...". Est-ce de Estime de moi, ou de la bienveillance et compassion envers moi ? :-)

L’idée de l’estime de soi est dans l'air du temps. Parfois, elle nous amène à nous auto-asséner des injonctions carrément tyranniques. Il n'empêche que lorsque l'estime de soi vient à chuter, tout ce que l'on sait faire le plus souvent, c'est se taper soi-même dessus (ne serait-ce que symboliquement). Du coup, on n'arrive plus à passer à l'action. Alors ? Si on utilisait la grille de lecture que nous propose la CNV, ça donnerait quoi ?…

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Tu es comme cette bague

Tu es comme cette bague - Cliquez pour visionner l'histoire

Le texte :

Un jour, un jeune disciple zen alla trouver son maître. "Je viens vous voir maître, parce que j'ai l'impression d'avoir si peu d'importance que cela m'ôte toute envie de faire quoi que ce soit. Tout le monde me dit que je suis un bon à rien, que je suis maladroit et stupide. Comment puis-je m'améliorer? Comment m'y prendre pour être mieux considéré ?"

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Un rôle bien particulier…

Attends-moi, cher dauphin, j'arrive !
D'après Douglas Kennedy,

guillemetJ'avais le trac, tout simplement. Comme toutes les formes de nervosité exacerbée, il naît d'une appréhension irrationnelle commune à tous les êtres humains, en particulier les adultes : celle d'être "démasqué", de trahir par quelques mots mal choisis l'intrinsèque supercherie de sa position d'autorité, de révéler au monde entier que l'on ne croit pas soi-même une minute à ce que l'on prétend être.

J'ai fermé les yeux une seconde en me disant que je devais continuer à tenir mon rôle sur scène, coûte que coûte, puis je me suis retournée pour faire face à ma classe.

— Bien, commençons.
guillemet

Douglas Kennedy, "Quitter le monde", 2009, Belfond, p. 209




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18 façons d’améliorer votre langage corporel (body language)

bisou à un petit escargot. Confiance en soi ?
Le langage corporel est universel...

1.      Ne croisez pas les bras ou les jambes – 

Vous avez sans doute déjà entendu dire qu’il est déconseillé de croiser les bras car cela pourrait vous faire paraître sur la défensive ou traduire le sentiment d’être surveillé. Cela vaut pour les jambes aussi. Gardez les bras et les jambes ouverts.

2.      Gardez un contact visuel, mais ne fixez pas votre interlocuteur 

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