Un jour nous ouvrirons les portes de l’absence
à l’heure où le soleil endort notre raison
et sans dire un seul mot, destin ou connivence
nous prendrons tout droit le chemin d’ma maison
nous fermerons la porte qui laisse toujours entrer
par ses bords fatigués le vent et les années
elle est restée ouverte tout l’été durant
elle attendra aussi avec nous le printemps
Gentiment, sans trembler, ma main prendra ton bras
sans fausse brusquerie, sans peur, sans artifices
dans tes yeux passera un éclair de malice
tandis que ton visage se rapprochera
lentement nous boirons jusqu’au bout le calice
au dehors le soleil se cachera sous les toits
en cet instant nos corps seront déjà complices
et je sais que ta bouche me réchauffera
Alors certainement, je sauterai de joie
dedans la cheminée je mettrai tout le bois
et je te ferai rire en chantant à tue-tête
allongé sous le lit, cherchant les allumettes
et le bois en brûlant racontera sa vie
quand nous ferons couler le bon vin du pays
et le feu crépitant filtrera dans nos verres
sa chanson de silence, de joie et de lumière
Plus tard, nos yeux fatigués de fixer la braise
se chercheront dans l’ombre pour mieux se deviner
tu verras, ce sera bien, et sans aucun malaise
nous irons tous les deux simplement nous coucher
blottis au creux des draps, comme au fond d’une chapelle
nous aurons un peu froid, et toi tu seras belle
nos délices envoûtants feront crier le lit
et nous l’achèverons tout au bout de la nuit
Au matin, décoiffée, du haut de l’escalier
tu me trouveras, tout nu, près de la cheminée
et nous commencerons, le meilleur ou le pire
par saluer la journée d’un grand éclat de rire
puis nous prendrons les bols, grands comme des marmites
les cuillers dans le tiroir, oui, celui-là, merci
j’ai fait bouillir le lait, on est pas mal ici
bouge pas, deux secondes, je vais chercher la suite
C’est vrai tu dois penser que je m’y crois déjà
mais les chansons, tu sais, sont faites de délire
c’est ce qui me fait chanter que ce soir tu viendras
après si tu le veux, va, tu pourras partir
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Paroles et musique : Bernard Lamailloux.
Dépôt SACEM septembre 1980
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