humeur  (33 articles)

Dans une période ou tout le monde donne son avis sur tout, je ne vais tout de même pas me gêner pour faire moi aussi mon éditorialiste en pantoufles, en vous faisant par de mes coups de cœur (…ou de sang, c’est selon).



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Faut-il se méfier des paroles qui font du bien ?

Certains livres regorgent de paroles qui font du bien...

Sommaire

Les livres qui font du bien
Les textes, tweets et autres posts qui font du bien
Les critiques que l’on peut opposer à toute ce déferlement de belles paroles…
Là où ça se corse…
Un petit coup sec sur la canne, et le poisson est ferré !
Faut pas exagérer : y’en a des bien, quand-même…
Si vous trempez là-dedans et que vous êtes honnête…
Petite expérience personnelle…

Lisez attentivement les phrases ci-dessous :

"En prêtant attention au murmure de notre être intérieur, nous trouvons les clés pour ouvrir les portes de notre destinée."

"À l’image du papillon sortant de sa chrysalide, nous pouvons transformer nos épreuves douloureuses en ailes de liberté et de croissance."

"C’est précisément dans l'ombre de nos doutes que nous pouvons découvrir la lumière qui guide notre chemin vers la confiance en soi."

"Chaque larme versée est une goutte nourrissant le jardin secret de notre résilience intérieure."

Leur point commun : toutes sont porteuses d’un message d’optimisme et d’espoir. Et par les temps qui galopent, elles semblent fleurir autour de nous, pour le meilleur… et parfois le pire.

Parlons d'abord du meilleur : Ces paroles-là ont souvent la capacité d'apporter un sentiment positif, d'inspiration, de réconfort ou même de transformation personnelle à ceux qui les lisent ou les entendent. Elles peuvent parfois évoquer des émotions positives, offrir des perspectives encourageantes sur la vie, ou même êtres porteuses d'enseignements qui aident les gens à mieux se comprendre, à s'épanouir et à trouver du sens à leur vie.

Voyons maintenant où on peut les trouver :

Les livres qui font du bien

Depuis quelques années on assiste un peu partout à une recrudescence de ces « livres qui font du bien ». Les livres qui font du bien regorgent de paroles… qui font du bien, donc. Historiquement, on peut considérer Le Petit Prince de St Exupéry comme étant le premier de cette lignée.

En voici quelques autres, pris au hasard :

  • "L'Alchimiste" par Paulo Coelho ;
  • "Le Pouvoir du moment présent" par Eckhart Tolle ;
  • "Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une" par Raphaëlle Giordano ;
  • "Les Quatre Accords Toltèques" par Don Miguel Ruiz ;
  • "Demain est un autre jour" par Lori Nelson Spielman.

Aujourd'hui, on compte des dizaines de milliers d'ouvrages de ce type, voire plus. Précisons qu'en raison de la popularité croissante de ce genre littéraire, leur nombre continue sans cesse de croître au fil du temps.

Les textes, tweets et autres posts qui font du bien

Dans la même veine, de plus en plus, sur les réseaux sociaux, fleurissent de jolis textes très convaincants. Tous tournent autour de cette thématique. Souvent, ils évoquent le sujet du mal-être, et de comment le résoudre. Parfois le lyrisme est particulièrement audacieux, jugez plutôt :

"La découverte de l’abandon de notre authenticité originelle au profit de la nécessité du lien permet la reconstitution progressive du vase dont nous pouvons recoller les morceaux à l’aide de cet or qui découle de notre prise de conscience."

C'est fou ça, comme des gens sont capables de mettre des mots justes sur les souffrances humaines. Puis, dans la foulée, de leur agiter de la verroterie conceptuelle sous le nez. Parfois, c'est même accompagné d'illustrations ou d’images très artistiques et très parlantes (d’inspiration new age, le plus souvent).

Les critiques que l’on peut opposer à toute ce déferlement de belles paroles…

Quand on examine de plus près toutes cette belle production, il peut y avoir de quoi hausser le sourcil. Et on peut parfois relever un ou plusieurs des points suivants :

Théories non fondées : Trop de ces textes s’évertuent à promouvoir des concepts pour le moins ésotériques ou fumeux, des affirmations péremptoires non prouvées scientifiquement, voire des généralisations abusives. On trouve, ceci, par exemple : « En Inde, on enseigne ces quatre lois de la sagesse (???) ». Ainsi, nombre d'idées pseudo-spirituelles, suscitent (à juste titre) un certain nombre d’inquiétudes quant à la validité des informations fournies.

Simplification excessive de la réalité : Indéniablement, un grand nombre de ces textes présentent une vision simplifiée de la vie. Évitant au passage les aspects complexes, les enjeux réels. Sans parler de la douleur liée aux émotions difficiles auxquelles nous devons parfois faire face au quotidien.

Évasion et déconnexion : On peut parfois y voir un encouragement à la fuite de la réalité plutôt que l'affrontement des vrais problèmes. Certains vont même jusqu’à affirmer que cela peut conduire à l'ignorance des problèmes sociaux, ainsi qu’à une déconnexion plus ou moins importante par rapport aux réalités du monde, auquel cas c'est une porte grande ouverte aux dérives sectaires…

Banalisation des thèmes de la psychologie et du bien-être : On peut légitimement s'inquiéter du fait que certaines de ces paroles peuvent simplifier ou banaliser des concepts psychologiques complexes, réduisant ainsi leur valeur réelle.

Oncle Picsou n'est pas bien loin...

Sur-commercialisation et recherche de profit rapide : L'augmentation de la popularité de ces "livres qui font du bien" a conduit à un accroissement de leur commercialisation. De plus en plus d’auteurs et éditeurs semblent aujourd’hui viser principalement à profiter de la demande plutôt qu'à fournir un contenu véritablement significatif. Ainsi, nombre d’ouvrages sont publiés rapidement et sans contenu véritablement substantiel, ce qui participe à une dilution de la qualité globale de ce genre de littérature.

Quant aux réseaux sociaux, ils regorgent de publications produites par des rois du marketing avançant avec un faux nez, la main sur le cœur…

Le piège des paroles qui font du bien
Aïe, ces mots qui font du bien, ça peut faire très mal par la suite…

Là où ça se corse…

Une fois ceci posé, allons un peu plus loin en examinant ce qui – de plus en plus souvent – accompagne de si belles paroles, donc… :

Le plus souvent, sur les réseaux sociaux notamment, une fois pondues toutes ces si nobles pensées, on s'aperçoit que dans la foulée, l'auteur propose des conférences (tiens ?), ou même des séminaires de formation sur le sujet. Soit. Alors je pose juste une question : En quoi le fait de poser un diagnostic, si juste soit-il, sur les vicissitudes ne notre vie peut-il laisser supposer que la personne qui a posé ledit diagnostic est équipée et compétente pour apporter des remèdes à la problématique ou à la souffrance que – par ailleurs – il ou elle a si bien su décrire ?

Un petit coup sec sur la canne, et le poisson est ferré !

La ficelle me paraît un peu grosse, en effet : déployer une certaine aisance verbale pour mettre des mots sur la souffrance d'autrui, balancer ça sur les réseaux sociaux où des personnes en souffrance (ce n'est certes pas ce qui manque), touchées par la justesse de la description, se reconnaîtront immanquablement dans des histoires parlant par exemple de "souffrances venues de l'enfance" (facile : qui n'en a pas ?), et finiront par gober à l'hameçon sur l'air de "[…] tout ceci exprime exactement ce que je ressens, bien mieux que je n'aurais pu l'exprimer moi-même, allez hop, je vais me précipiter vers leurs séminaires de solutions à coup sûr miraculeuses!". Et hop, voilà le travail, emballez, c'est pesé!

Faut pas exagérer : y’en a des bien, quand-même…

Je ne dis pas que toutes les personnes travaillant dans une optique de mieux-être sont des escrocs, ou des êtres "perchés". Mais simplement qu'en l'espèce il est extrêmement difficile de trier le bon grain de l'ivraie. Il faut dire que le marché (oui, appelons les choses par leur nom) est immense. Et que le domaine du développement personnel est hélas encore très mal encadré. Surtout, ne vous laissez pas aveugler par la poudre aux yeux que représentent des paroles rassurantes ou sécurisantes. Des mots tels que "certification", par exemple, qui ne renvoie à rien de sérieux, faute d'instances de supervision sérieuses et reconnues, justement.

Car le problème est bien là : pour un Anthony Robbins (une des rares personnes du secteur à qui personnellement je prête quelque crédit), il existe pléthore d'individus qui, même lorsqu'ils sont bien intentionnés au départ, finissent tôt ou tard par prendre une tangente pour le moins... inquiétante, voire dangereuse pour eux-mêmes et pour les autres.

Pour ce qui concerne les livres qui visent à apporter du bien-être et de la positivité, disons-le tout net : certains d'entre eux proposent des conseils, des histoires et des enseignements sincères. Cela peut même avoir un impact positif sur de nombreuses personnes. Ainsi, comme souvent, il est essentiel (pour chacun d'entre nous) de faire appel à notre discernement. Cela nous permet de choisir des textes qui non seulement résonnent vraiment en nous, mais qui nous apportent un véritable bénéfice.

Si vous trempez là-dedans et que vous êtes honnête…

Alors, que les personnes œuvrant sur ce créneau se fassent une raison : le plus souvent, elles emploient exactement les mêmes mots, les mêmes techniques, les mêmes méthodes que les hurluberlus et les margoulins de la pire espèce.

Rien de nouveau sous le soleil : Depuis la nuit des temps, ces mêmes techniques sont employées par certaines personnes censées nous prédire l’avenir. Parfois, ces personnes n'hésitent pas à exploiter les attentes et les croyances des individus. Tout cela accompagné de généralités et d'affirmations vagues enfonçant allègrement des portes ouvertes.

En creusant un peu, on s'aperçoit que trop d'individus, fussent-ils de bonne foi, ont simplement le bagout nécessaire pour "dire les mots qui vont bien". De sorte que leurs ouailles se sentent beaucoup mieux après. Mais c'est un peu court…

Petite expérience personnelle…

J'avoue avoir été déjà conquis par des paroles éclairantes d'une personne très en vue sur ce type de créneau. Il se trouve même qu'à une époque de ma vie j'ai moi-même franchi une étape significative :

C'est ainsi que je me suis un jour retrouvé dans une salle en compagnie de plus de 500 participants. Tous étaient sûrs de venir écouter une bonne parole, des mots qui font du bien, prononcés par une star du genre (officiant sur YouTube). Mais la personne qui les proférait s'est – par la suite – révélée d'une consternante immaturité mêlée à un machiavélisme sans borne. Par chance, j'ai pu gratter un peu ce beau vernis et même pousser cette personne à tomber le masque. Si cela vous intéresse, j'en fais le récit détaillé dans cet article.




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Penser à « ne pas déplorer la connerie des gens »…

Allez savoir pourquoi, depuis peu j'ai pris une grande décision : celle de ne pas passer trop de temps à "déplorer la connerie des gens". Tout simplement parce que j'ai autre chose à faire de ma vie que porter toute mon attention sur les choses qui me déplaisent. Et j'ai remarqué que les gens qui passent leur temps à ça ne me disent rien qui vaille alors, toujours pareil, veillons à ce que notre poutre ne ressemble pas trop à la paille des autres… 🙂

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Quand Gaspard Proust cite Dostoïevski

Quelle tristesse et quelle colère s’emparent de toute votre âme quand une grande idée que vous-même, saintement, vous vénérez depuis longtemps, est reprise par des incapables qui viennent l’exhiber à d’autres imbéciles comme eux, l’exhiber dans la rue, et que vous la retrouvez soudain dans un marché aux puces, méconnaissable, souillée, présentée sous un jour absurde, de biais, sans proportion, sans harmonie, hochet d’enfant stupide.

Fiodor Dostoïevski, Les Démons (cité par Gaspard Proust sur France Inter)

Ci-dessous : l'interview intégrale (11 minutes).




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Bons et mauvais sentiments…

Les passions tristes

Les hommes de l’art semblent d’accord sur le fait que la plus grande partie de nos affects, de nos ressentis, trouve son origine dans les quatre émotions de base : tristesse, peur, colère, joie. Nous en avons d’ailleurs déjà parlé. Si on y regarde de plus près, on peut noter que parmi elles, lorsque ces émotions s’étendent dans la durée, seule la joie est ressentie comme quelque-chose de positif et de bénéfique pour le corps et l’esprit. Quoi qu’il en soit, à chaque fois que, bon gré mal gré, nous portons notre attention sur quelque-chose pendant un temps plutôt long, cela peut avoir pour effet d’étirer comme un chewing-gum l’émotion qui a été à la base de cet état.

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Allez les profs, encore un effort…

couverture du livre "Peut Mieux Faire"
Précision importante : Cet article est issu d'un de mes anciens blogs (2013)

Un livre est paru...

Ce livre s'appelle "Peut mieux faire" et porte la signature d'un artiste qui s'appelle Jean-Baptiste Alméras. Tout au long des pages, ce monsieur se souvient, en relisant ses bulletins scolaires, de la violence du système d'enseignement qui était encore en vigueur dans son enfance. D'ailleurs, le sous-titre est clair : "Mon enfance vue par l'Education nationale". Le contenu l'est encore plus, puisque l'auteur s'est contenté... d'un travail de recopie qui se suffit à lui-même ! "En fait, je ne suis pas l'auteur... juste le héros", précise-t-il même avec gourmandise et, de fait, aucune phrase n'est de lui. Pourtant, ce livre à peine sorti s'est déjà taillé son petit succès. C'était en d'autres temps, m'objectera-t-on. Aujourd'hui l'ambiance de l'école n'a plus rien à voir avec cela ! En êtes-vous si sûrs ?

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C’est l’histoire de comment trouver sa place derrière le brouillard…

Important

Cet article est issu d'un de mes anciens blogs ( 2010 à 2014)

Katherine Pancol

Katherine Pancol est un écrivain majuscule. Je sais bien qu'elle est à la mode, mais cela n'est aucunement à mes yeux une raison de l'encenser, et encore moins de la descendre en flammes (quelle horreur !).

Si vous n'avez pas lu ses livres, je vous invite vraiment à le faire, du fond du cœur. Il s'agit d'une sorte de saga familiale, si l'on peut dire, l'histoire de Joséphine Cortès, de ses filles, et de leur entourage. Cela décrit avec un accent d'authenticité incroyable des tas de milieux, d'époques, de personnages, c'est hallucinant.

Car au fond la dame n'écrit jamais que sur un sujet, un sujet aux mille facettes qui me tient vraiment à cœur : la confiance en soi.

Qu'on me permette de citer ici un passage d'un de ses livres : "Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi" :

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Esprit de clocher, quand tu nous tiens…

Conseil municipal posant pour une "photo de classe" (si l'on peut dire) 🙂

Information importante

Cet article a été retranscrit depuis un de mes anciens blogs (année 2014)

Un village,
C´est la grande famille
Où les garçons, les filles
Se marient à vingt ans
Un village,
C´est chacun, sa chacune
Car, à la pleine lune
Le lit est bien trop grand...

Elections municipales, dites-vous ?

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Que sommes-nous : une ressource, ou une calamité ?

Ressource ou calamité ?...
Il y a deux sortes de chefs d’orchestre : ceux qui ont la partition dans la tête et ceux qui ont la tête dans la partition. Pour les formateurs (par exemple), c'est exactement pareil…

Ah, les personnes ressources

C'est beau la vie, tu te cognes la tête sur une difficulté pendant des heures, et tu montres ça à un type qui passe par là, et lui il sourit, il te dit juste « bah c'est évident, il suffisait de rectifier le paramètre archi-connu du caramel magnétique qui affiche version 1.5267965741 pour le modifier en 1.5267965742 au niveau du troisième menu de la zone de dialogue Purée de scie à métaux accessible à la section Sirop de lames de rasoirs, y'a vraiment pas de quoi fouetter un cluster, voilà, c'est rectifié ».

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Les critères

restaurant dans la Casinca, en Corse

Si l’on se fie à la définition du dictionnaire, un critère est "...ce sur quoi on se fonde pour porter un jugement"...

Je me souviens de l'exemple de ce monsieur, à l'allure tout à fait classique, qui disait à qui voulait l'entendre qu'il se sentait volontiers triste parce qu'il "…manquait d'élégance". Son entourage en était très étonné, puisque ce monsieur n'avait, ni de près ni de loin, que ce soit dans son comportement, son accoutrement, sa manière de parler ou d'agir, rien qui ne fasse penser a priori à un manque d'élégance. Or, il advint qu'un jour ce monsieur livra le fond de sa pensée à une personne particulièrement curieuse, en donnant la clé de l'explication : "Je manque singulièrement d'élégance parce que je ne sais pas danser. Pire : à chaque fois que je m'y essaie, je marche immanquablement sur les pieds de mes cavalières!". Voilà en substance ce qu'il déclara.

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Les contes n’enseignent pas des vérités. Ils posent seulement des questions

J'ai commencé à diffuser sur ma chaîne YouTube une série de capsules vidéo. Cette série (contes philosophiques, en l'occurrence) s'appelle "Sans avoir l'air d'y toucher".

Lors de la parution d'une des premières capsules, une personne m'a posé la question de savoir quelle était la morale de l'histoire que j'avais racontée. Elle alla même jusqu'à m'en proposer plusieurs, en me demandant laquelle parmi elles il convenait de retenir. En quelques sorte, quelle vérité ce conte-là entendait-il nous enseigner ?

Voici en substance ce que je lui ai répondu :

Les contes n'enseignent pas des vérités. Ils posent seulement des questions. Mais ces questions sont plus riches de sens que toutes les certitudes du monde. Du coup, les contes font bien mieux que de nous enseigner des vérités: Ils nous permettent de découvrir par nous-mêmes les pensées qui nous sont positives. Et si chacun de nous découvre une vérité qui n'est pas celle du voisin, c'est très bien ainsi.

Sans avoir l'air d'y toucher (contes philosophiques)

Vous pouvez visionner une vingtaine de contes philosophiques en cliquant tout simplement sur l'image ci-dessous…




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