Bonjour. Il se trouve qu'avec quelques "e-amis", nous nous sommes naguère retrouvés embringués dans un MOOC (cours en ligne) intitulé "La Pensée Design".
Quand les mouches vont au marché, les glandeurs vont au mooc
Au départ, mes propres motivations pour m'inscrire à ce MOOC peuvent se résumer ainsi :
"Eh m'sieur l'juge, j'vous jur' j'voulais pas y aller au début, et puis c'est mes potes y m'ont dit zyva viens avec nous y'a un radiateur au fond on s'met tous là…" Sans même attendre que le cursus soit démarré, j'ai donc entrepris de créer (avec l'aide de quelques camarades de front) un collectif de travail qui devait à l'origine s'intituler "Les gros nazes du fond", mais au bout de 1641867812549991 tours de scrutin nous nous sommes mis d'accord sur un titre nettement plus approprié, et qui fait désormais consensus.
Nom de ce fameux groupe (sur Facebook) : "Les glandeurs du radiateur du fond". Ainsi ai-je pu lire sous la plume de plus d'un, quelques remarques, voire quelques réserves, exprimées le plus souvent sur le mode "Houlà, vous êtes bien actifs, pour des glandeurs !"… sans compter les allégations de "vrai glandeur", "faux glandeur", voire "vrai faux glandeur" qui ont commencé à fuser ici et là, et que certains de mes amis ont commencé à se lancer à la figure à mon grand désarroi (en bon glandeur qui se respecte, je ne supporte pas le gaspillage d'énergie). J'ai donc éprouvé le besoin d'écrire ici ce petit billet en forme de mise au point. Il aurait très bien pu s'intituler "Qu'est-ce qu'un glandeur, au juste ?"…
C'est vrai ça, "Qu'est-ce qu'un glandeur, au juste ?"…
Tentons d'apporter quelques éléments de réponse à cette épineuse question. Chacun ayant sa propre idée, son propre point de vue quant à la question et au statut exact du glandeur, du glandeur, je ne vois pas au nom de quoi je me gênerais pour vous exposer le mien, qui vaut ce qu'il vaut, et vice versa.
D'abord, il ne faudrait surtout pas prendre les glandeurs pour des imbéciles : Un glandeur est quelqu'un qui a conscience d'être naturellement décalé, en quelque sorte, et qui s'en fiche. D'ailleurs il se fiche d'énormément de choses...
L'imbécile, quant à lui, ne peut absolument pas s'empêcher d'être tout le temps en décalage. C'est hors de son contrôle, et contrairement au glandeur, il a aucune conscience de cet état de fait (d'où la célèbre réplique des "Tontons flingueurs" : Les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît !"... Seul le sot est capable de prendre un glandeur pour un imbécile. Pas fou, le glandeur ne fera rien pour l'en dissuader. La raison en est ultra simple : il se fiche de ça aussi !
Didier, roi des glandeurs
Un exemple d'attitude archétypale de glandeur : Didier, un ami d'enfance, le jour où notre professeur annonça solennellement les résultats du bac devant notre classe pétrifiée d'angoisse, s'entendit dire... qu'il était le seul de la classe à ne pas avoir été reçu. Croyez-vous qu'il se soit démonté ? Pas du tout ! Il s'est contenté d'ouvrir son sac à bandoulière, d'en extraire un énorme sandwich, et de mordre dedans à pleine dents tout en s'exclamant d'un air bonhomme : "Oh, c'est pas grave ! Quand l'appétit va, tout va !".
Là où un cancre serait devenu soit tout rouge, soit carrément agressif, Didier ne s'est absolument pas démonté, et savoura à leur juste valeur (en même temps que sa roborative pitance) les éclats de rire de toute la classe, professeur compris. C'est ça qui est très fort. Finalement, il me semble bien que Didier a décroché son bac de justesse, en septembre, à la session dite "de rattrapage". Car en toutes choses le glandeur possède mieux que personne l'art instinctif de doser l'effort, une faculté que lui envient moultes besogneux et autres non comprenants…
Finalement, un glandeur est toujours plus ou moins débordé…
Un glandeur est toujours débordé : même quand il ne fait rien, il est en plein processus de créativité. C'est le Shadok azimuté au milieu des Gibis conformistes. C'est la cigale qui ne se soucie même pas de l'existence de la fourmi, mais qui s'en porte tout aussi bien, en ne récoltant pas forcément le courroux des cieux. C'est Isaac Newton faisant la sieste au pied d'un arbre, et découvrant incidemment les lois de la gravitation universelle en se prenant une pomme sur la tête.
C'est Gaston Lagaffe faisant le désespoir de tout son bureau à coup de siestes volées à ses honnêtes collègues bureaucrates, mais travaillant sans relâche pendant des temps forcément gigantesques à d'improbables prototypes (...clin d'œil à mes camarades moockitoes). Si ça c'est pas du boulot…
Le glandeur a donc perpétuellement quelque-chose en tête. Il est souvent espiègle, et fondamentalement passionné. Mais il a horreur qu'on cherche à lui imposer ses centres d'intérêt. A titre d'exemple, faites-lui visiter un musée à l'occasion de vacances à l'étranger, il ne va pas forcément parcourir avec son groupe l'ensemble des salles au pas de charge avec une avidité aussi douloureuse que préoccupée. Si ça se trouve, il va s'arrêter au bout du deuxième tableau, et entrer dans une discussion interminable avec le gardien ou la gardienne qui se trouve là. Quand les autres, fourbus, de retour de leur étrange marathon, vont le retrouver, ils l'admonesteront sans doute avec condescendance, sur l'air de "Mais où étais-tu ? On t'a cherché partout ! Ah là là, celui-là alors, il est impayable. Heureusement qu'on l'aime bien, tiens !" Bien entendu, le glandeur se fiche aussi de ça, et les laisse croire qu'ils ont appris beaucoup plus de choses que lui…
Encore un peu d'humour ? C'est par ici ! ...
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Le Petit Abécédaire...
"Un ouvrage bien documenté, écrit par quelqu'un qui sait de quoi il parle et qui le fait avec clarté humour et éthique. Les exemples et les conseils sont judicieux et très utiles. Je le recommanderai avec plaisir.."
Josiane de Saint Paul
Quel livre ! Un travail de moine. D'une grande originalité. J'ai à peine commencé à le parcourir et, déjà, je le savoure. Je vais d'ailleurs continuer à le déguster lentement. Bravo !
Serge Marquis
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