Apprendre Mieux : la grande galaxie de l’accelerative learning

Bonjour,

J'aimerais vous parler du phénomène de l'accelerative learning, également connu sous le vocable de mieux-apprendre.

Quand on s’intéresse aux grands courants de la pédagogie, on a coutume de citer le cognitivisme, constructivisme, le socio constructivisme, le behaviorisme... que sais-je encore ?

Ah, les courants...

Ces différents courants sont dûment répertoriés, homologués, labellisés et étiquetés… mais par qui ?

…Eh bien, c'est simple : par de doctes personnes dont la principale mission consiste à répertorier, homologuer, labelliser et étiqueter des choses. Or, pendant ce temps-là, le monde bouge, évolue, et tout un pan de la réalité de situations d’apprentissage se développe, croît et existe tout tranquillement en parallèle, à côté du reste. Dans un certain nombre de cas, cela se produit sans que nos chers répertorieurs-homologueurs-labelliseurs-étiqueteurs ne paraissent le moins du monde concernés !

Littérature grise...

Lorsqu’il m’est arrivé d’en croiser (essentiellement à la fac) et de leur montrer des ouvrages portant sur ces sujets-là et expliquant ce qui s’y passe, la très grande majorité  de mes professeurs m’opposaient en général une fin de non-recevoir, sans même daigner jeter le moindre regard là-dessus, au motif que cela appartenait à ce qu’ils appelaient très joliment de la « littérature grise » !

Pour les non-initiés, je précise que la littérature grise, dans la bouche des répertorieurs-homologueurs-labelliseurs-étiqueteurs, désigne tout ce qui se publie en-dehors des revues universitaires. Voilà en effet une manière plutôt cavalière, mais fort commode, de laisser dans l’ombre une bonne part du réel, tout en permettant de rester dans l’entre-soi de tous ceux qui – certes – ont compris tout l’intérêt qu’il peut y avoir à se réfugier dans la réflexion… parfois même jusqu’à aller se retrancher le plus loin possible de l’action.

De bien tristes prestidigitateurs

Bien entendu, je ne parle pas ici de l'ensemble des professeurs d'université, loin s'en faut, mais tout de même d'une bonne partie d'entre eux qui (hélas) tient le plus souvent "le haut du pavé", comme on dit. Ces personnes-là ont une fâcheuse tendance à repousser d'un revers de main, et sans aucun état d'âme, tous les faits qui ne concordent pas avec leur sacro-sainte "validité scientifique" du moment. Le fameux classement de Shanghaï (sur les universités dans le monde) les place-t-il dans une position délicate, au motif que notre pays - pourtant inventeur de l'université ! - est en train de tomber en chute libre dans ce classement  ? Que nenni, il suffit de déclarer que les critères de ce classement ne sont pas appropriés, et hop, le tour est joué !

Au procès de Galilée, ils étaient déjà là, pour déclarer sans rire "...que les météorites ne peuvent pas être des pierres qui tombent du ciel, puisqu'il n'y a pas de pierres dans le ciel".

Tous les jours, en pédagogie des adultes notamment (oui, je sais, il faudrait théoriquement que j’emploie le terme « andragogie », mais voyez-vous comme c’est bête, il est important pour moi de me faire comprendre du plus grand nombre, quitte à prendre le risque de chagriner tous les Diafoirus du moment…) Tous les jours, disais-je, ces concepts sont utilisés par des centaines de milliers de personnes. Pour vous en persuader, rendez-vous chez votre libraire préféré.. quittez le rayon "Pédagogie" et approchez-vous des rayons intitulés "Entreprise", "Vie pratique", voire "Développement personnel" (Remarque : si d'aventure un ou plusieurs de ces mots vous donne des boutons, aucun souci, retournez donc vous réfugier bien au chaud dans vos bonnes vieilles habitudes 🙂

Je vais vous confier une chose toute bête : Quand j’ouvre un livre traitant de pédagogie, et que ça jargonne du début à la fin (alors même qu’aujourd’hui j’ai assimilé une grande partie de ce jargon), je ne peux pas m’empêcher de me dire que – de l’auteur ou du lecteur – l’un des deux au moins a un gros problème. Et devinez pour qui je tranche, en général, mmmmh ?

Alors c’est vrai, le courant pédagogique dans lequel je me reconnais et m’épanouis le plus passe le plus souvent à la trappe et, du coup, se retrouve injustement ignoré des nombreuses personnes de bonne volonté désireuses de s’intéresser aux choses de la pédagogie, lesquelles passent nécessairement par le prisme quasi obligé de la doxa (mais oui, vous savez, les « milieux autorisés », comme disait Coluche, qui avait compris bien des choses) ! Fort heureusement, aujourd'hui internet est là, pour le meilleur et pour le pire, et il contribue dans bien des domaines à fissurer quelques édifices, et à faire parfois bouger les choses (Dieu merci, je ne suis certes pas le premier blogueur à parler de ces choses-là !).

Pour ma part, l'accelerative learning est ce qui m’anime et m’aide à faire de tous mes face-à-face pédagogiques de purs moments de bonheur, pour moi et (je l’espère !) pour mes apprenants.

Ce que, faute de mieux, nous appellerons "ce courant" part du principe tout bête qu’on n’apprend jamais aussi bien que lorsqu’on ne s’aperçoit pas qu’on apprend, et qu’à l’instar de Bergson, « Il n’y a pas d’idée (philosophique ou non), si profonde ou si subtile soit-elle, qui ne puisse et ne doive s’exprimer dans la langue de tout le monde. » Son plus grand ennemi est également celui de plein de générations d’enfants. Il s’appelle l’ennui.

Courant ou galaxie ?

L'accelerative learning est maintenant très largement utilisé dans le milieu des entreprises et de la formation personnelle (mais toujours plus ou moins marginalisé par l’université !).

Les fans de l'accelerative learning n’ont en général pas le sentiment de faire partie d’une école, d’une chapelle, et encore moins d’une approche théorique, et ceci pour une raison bien simple : ils s'intéressent bien plus à des notions telles que le bon sens ou l'humour (vecteurs d'apprentissage extrêmement puissants, comme on le verra dans le prochain article).

En général, ils préfèrent dire qu’ils font partie d’une « galaxie », vous savez, cette structure en spirale tournant autour d’un noyau dur, lequel n’est jamais plus qu’un objectif vers lequel on tend...

Ainsi, l'accelerative learning ne passe pas par les fourches caudines de notre belle Université, pour le simple motif que toute cette galaxie « pas vraiment orthodoxe » n’hésite pas à « picorer » ici et là de nombreuses techniques ou méthodes qui n’ont pas forcément droit de cité chez nos doctes chercheurs. Cela n’empêche pas toutes ces petites « planètes » d’être réutilisées avec succès un peu partout dans le monde, tout simplement par les millions de petites (et moins petites) mains qui vivent dans le cambouis du réel, aussi bien dans le milieu de l’entreprise (formation professionnelle, mais aussi brainstorming, techniques de résolution de problèmes, ou plus généralement ressources humaines), de l’enseignement, de l’éducation des jeunes enfants (allez donc voir du côté des pédagogies dites "décalées") … jusqu’aux nombreux parents qui de par le monde s’intéressent à la manière dont ils peuvent efficacement venir en aide à leurs enfants pour les devoirs à la maison !

L'exemple du Mind Mapping

Un exemple de ces galaxies ? Le Mind Mapping, mais oui, amis connectivistes, vous avez bien lu ! Le Mind Mapping popularisé par les ouvrages de Tony Buzan, est depuis de nombreuses années largement utilisé, promu, encouragé par les fans du mieux-apprendre. L'époque où il fut à son tour utilisé, repris, et même (...parfois exagérément)  encensé par les "pédagogues patentés" est beaucoup plus récente. Qu'importe, c'est avec bonheur que j'ai vu tant de personnes, blogs, méthodes pédagogiques s'approprier et diffuser cette technique (propriétaire de personne, faut-il le rappeler ?)... technique qui (pour ma part) m'a été enseignée il y a déjà fort longtemps !

Si le terme « Mind Mapping » ne vous dit rien, voici la liste des synonymes les plus couramment employés :

  • Arbre de connaissance
  • Carte Cognitive
  • Carte Conceptuelle
  • Carte euristique
  • Carte heuristique
  • Carte mentale
  • Carte sémantique
  • Constellation d'idées
  • FlowChart
  • Learning Map
  • Mind Map
  • Mind Mapping
  • MindChart
  • MindCluster
  • Mindmapping.
  • Mindscape
  • Schéma euristique
  • Schéma heuristique
  • Topogramme.

La longueur de cette liste vous surprend ? Eh bien, dites-vous bien que cela peut être aussi un signe de bonne santé pour le mind mapping, qui par nature a du mal à se laisser classifier, étiqueter, etc... La liberté est parfois à ce prix 🙂

Ressources sur l'accelerative learning : comment s'y retrouver dans cet univers "open source" ?

Je reparlerai plus en détail du mind mapping prochainement. Pour ce qui concerne l'accelerative learning, voici quelques premiers jalons, bons points de départ pour ceux qui seraient en recherche de ressources. Il suffit en effet de googler la plupart des noms apparaissant ci-dessous pour se faire une première idée, tout en gardant bien à l'esprit que les noms cités ici désignent parfois des contributeurs... bien involontaires ! En effet, non seulement l'accelerative learning est une galaxie, mais c'est aussi un gigantesque Lego dans lequel chacun peut venir puiser à sa guise, ce qui ne nuit aucunement à son efficacité, bien au contraire... tenez, pensez donc à ce qu'est Linux pour le monde des informaticiens 🙂

Quelques nomsCommentaires, explications, champs de recherche ou d’application
Tony BuzanNé en 1942, c’est un psychologue anglais connu pour être le créateur du concept de carte heuristique, mas également plusieurs techniques dites de mémorisation totale (SEM3 et « Grand système »)
Georgi LozanovMédecin et psychothérapeute bulgare (1926-2012). Considéré comme un des pères fondateurs, il est décédé depuis peu. Travaux sur la mémoire et les différents facteurs « facilitateurs » d’apprentissages. Voir http://dr-lozanov.com/
Roger Sperry, Paul Mc Lean et tous les spécialistes des neurosciences.Tout ce que les neurosciences peuvent nous apprendre sur la manière dont se font les acquisitions fait bien entendu le miel des fans de l'accelerative learning, qui s’efforcent d’utiliser toutes ces découvertes dans des applications bien concrètes.
Howard GardnerNé en 1943, Gardner  travaillait à l'origine sur les lésions cérébrales et leurs conséquences. il est aujourd’hui le père de la théorie des intelligences multiples. Il enseigne à l'université de Harvard
Edward de Bononé en1933 à Malte, psychologue et médecin spécialiste en sciences cognitives. Il est connu pour avoir promu la notion de « Pensée latérale ».
Bruno FürstBruno Fürst (1891-1965) fut le plus créatif, imaginatif, inventif et fabuleux des facilitateurs  mnémotechniques. Le mieux est d’aller voir cet exemple... (cherchez le titre "La ressource")
Sivasailam Thiagarajan, alias ThiagiInventeur génial et pétillant du concept des « Jeux-Cadres » (qui, du moins à mes yeux, ont un lien de parenté criant avec les serious games), Thiagi est aujourd’hui mondialement reconnu.
Élément de Typo (filet avec oiseaux prchés)

Voilà. Dans un autre article, je vous fais partager quelques principes et exemples de ce qu'est l'accelerative learning, très concrètement.

À bientôt !

Livre 'Construire et animer une session de formation' - 2e édition - Bernard Lamailloux

Cet article a été également publié dans un livre de conseils aux formateurs intitulé  « Construire et animer une session de formation » paru aux éditions DUNOD.


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Le Petit Abécédaire...

Livre "Petit abécédaire de  développement personnel à l'usage des formateurs et enseignants", par Bernard Lamailloux

"Un ouvrage bien documenté, écrit par quelqu'un qui sait de quoi il parle et qui le fait avec clarté humour et éthique. Les exemples et les conseils sont judicieux et très utiles. Je le recommanderai avec plaisir.."

Josiane de Saint Paul

Quel livre ! Un travail de moine. D'une grande originalité. J'ai à peine commencé à le parcourir et, déjà, je le savoure. Je vais d'ailleurs continuer à le déguster lentement. Bravo !

Serge Marquis


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